Photographie (14) Le water dripping (gouttes d’eau)

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Les gouttes d’eau simples, la technique du glaçon, les collisions de gouttes, le boîtier électronique, la potence, le bac récupérateur, le diffuseur, l’éclairage au flash, les filtres de couleurs

Les gouttes d’eau simples

Pour faire des photographies de gouttes d’eau, vous devez travailler sur pied avec un déclencheur à distance pour éviter tout bougé. Ce déclencheur peut être filaire, à infrarouge ou radiocommandé. Vous devez avoir sur votre plan de travail une potence réglable et un récipient complètement rempli d’eau qu’il est fortement conseillé de placer dans un plat à tarte pour que le trop plein ne se déverse pas sur votre table.
Vous pouvez travailler avec une optique de focale moyenne (105 mm par exemple) équipée d’une bonnette d’approche vissée à l’avant ou d’une petite bague allonge (12 à 16 mm). Le mieux est d’utiliser un objectif macro permettant une prise de vues à courte distance.

La technique du glaçon

La technique du glaçon est de loin la plus économique. On fixe à la potence une pince dans laquelle on accroche un glaçon. Dans une pièce à environ 20° C ce glaçon va fondre et libérer une goutte d’eau toutes les minutes environ. On peut aussi acheter en pharmacie un goutte-à-goutte pour quelques euros.

Il faut capturer le moment où la goutte d’eau percute la surface liquide du récipient récupérateur. On distingue plusieurs étapes. Elles se décomposent comme suit :

  • la goutte percute la surface de l’eau et forme une couronne plus ou moins régulière
  • elle s’enfonce profondément dans le liquide (on ne la voit plus)
  • elle est repoussée vers le haut sous l’effet de la poussée d’Archimède
  • et elle ressort de l’eau sous la forme d’une bille régulière en entraînant derrière elle une colonne d’eau

Vous pouvez colorer le liquide qui se trouve dans le récipient récupérateur avec, par exemple, des colorants alimentaires ou de la poudre pour teindre les vêtements. Les sirops épaississent le liquide, ce qui donne généralement des résultats intéressants. On peut aussi épaissir l’eau avec du Xan-Tian ou de la gomme de Guar, produits que les mamans trouvent en général en pharmacie pour épaissir les biberons de leur enfant.

Vous avez enfin besoin de flashs qui possèdent deux caractéristiques :

  • il faut qu’on puisse les mettre en position manuelle à leur puissance minimale. Plus un éclair est faible, plus sa durée est courte. Donc à son minimum, les gouttes et leurs éclaboussures seront nettes
  • il faut qu’ils soient à « récupération d’énergie » pour ne pas trop consommer de piles. Ce terme est impropre, mais c’est ainsi qu’on les appelle depuis que les flashs à thyristor existent. On en trouve à des prix très bas sur E-Bay ou Le bon coin, inutile de mettre de l’argent là-dedans. On peut en déclencher plusieurs en même temps à partir d’un flash maître soit par des liaisons filaires, soit à l’aide de cellules d’autodéclenchement.

    Goutte d’eau
    Goutte d'eau

    Lorsque la goutte percute la surface de l’eau, une couronne se forme. Il faut ne retenir que les photos parfaitement nettes où les gouttelettes sont visibles. Ici l’eau du récipient récupérateur a été teintée avec un colorant alimentaire rouge.

    Goutte d’eau
    Goutte d'eau

    Sous l’effet de la poussée d’Archimède la goutte est repoussée vers le haut et sort sous la forme d’une bille d’eau incolore. C’est le liquide teinté en bleu du récipient récupérateur qui lui donne cette couleur.

    Goutte d’eau
    Goutte d'eau

    En sortant de l’eau la goutte crée une aspiration qui entraîne derrière elle une colonne plus ou moins régulière. Il faut parfois de nombreux essais pour obtenir une ogive parfaite.

    Goutte d’eau
    Goutte d'eau

    La taille de la colonne dépend de la hauteur de chute de la goutte d’eau. Pour pouvoir régler ce paramètre, on peut utiliser comme potence une colonne d’agrandisseur dont on a supprimé la boîte à lumière. Pour avoir un maximum de fluidité, mieux vaut ne pas mettre d’épaississant dans le récipient récupérateur.

    Les collisions de gouttes

    Généralités

    VRAI ou FAUX ?

    • Il faut des flash coûteux pour faire du water dripping : FAUX

    Beaucoup de gens se débarrassent de leurs vieux flashs sur Le bon coin, E-bay ou autres sites de vente en ligne pour une bouchée de pain, souvent parce qu’ils disposent d’un flash intégré sur leur APN ou d’un flash TTL. Si ces flashs sont à thyristor et possèdent un mode manuel, ils feront parfaitement l’affaire pour quelques euros.

    • On travaille dans le noir et rideau relevé pour obtenir de bons résultats : VRAI et FAUX

    Vrai : si vous utilisez un pied trop léger ou non lesté. Dans ce cas, le claquement du miroir sur un boîtier reflex risque de provoquer un flou de bougé. Pour éviter cela, on va devoir travailler miroir relevé et de préférence dans l’obscurité.

    Faux : si l’appareil photo est vraiment stable. Pour être net, il faut que le diaphragme soit assez fermé (ouverture mini + 1 ou 2 stops) et que l’éclairage ambiant soit assez bas. Une vitesse de l’ordre du 1/60 à 1/200 sec. permet à la lumière ambiante de ne jouer aucun rôle dans l’éclairage du sujet. Ce sont les flashs dosés à leur puissance minimum qui figent les collisions. Au 1/64 de la puissance du flash, la durée de l’éclair se situe entre 1/30 000 et 1/40 000 sec.

    • Inutile d’investir dans un boîtier électronique pour capturer une collision : FAUX

    Les réflexes humains sont infiniment trop lents pour lâcher deux gouttes consécutives avec le bon intervalle de temps : les choses vont beaucoup trop vite pour cela. De plus, comme la taille des gouttes joue un rôle important, seul un boîtier électronique permet d’obtenir de bons résultats. Enfin parce qu’il faut aussi prendre en compte le temps de latence de l’APN qui varie d’un modèle à un autre.

    Le boîtier électronique

    Peu importe le boîtier électronique utilisé, ils se valent à peu près tous, même si les prix peuvent varier du simple au double. Celui-ci est un SplashArt de Joe Dyer, un spécialiste en la matière. Nous verrons un peu plus loin comment obtenir des fonds de couleur qui se marient et se fondent.

    Boîtier électronique
    Boîtier électronique

    • 1 – Réglage de la taille de la 1ère goutte
    • 2 – Réglage du délai entre les deux gouttes
    • 3 – Réglage de la taille de la 2e goutte
    • 4 – Réglage de la latence du boîtier photo
    • 5 – Déclencheur APN & Solénoïde (vanne)
    • 6 – Prise femelle du boîtier (*)
    • 7 – Prise femelle de la vanne électronique (solénoïde)
    • 8 – prise femelle de l’alimentation

    (*) Attention : sur les APN, les prises de commande à distance sont différentes d’une marque à une autre et même parfois au sein d’une même marque. Ex : chez Nikon il y a des prises 3 et 10 broches. On trouve très souvent un simple jack stéréo en 2,5 mm (AF et déclenchement).

    La potence

    La potence
    La potence

    La colonne d’un vieil agrandisseur est idéale comme potence, car on peut la régler en hauteur. Plus la hauteur de la vanne électronique est importante, plus la colonne d’eau ascendante sera élevée. La photo suivante a été prise avec la colonne montée au maximum (environ 80 cm).

    Goutte d’eau
    Goutte d'eau

    Le diffuseur, le bac récupérateur

    Diffuseur et bac récupérateur
    Diffuseur et bac récupérateur

    Avec deux feuilles de verre organique anti-reflets qu’on trouve dans tous les magasins de bricolage (rayon encadrement) et quatre petites équerres, vous pouvez vous fabriquer un écran diffuseur à condition de glisser entre les deux une feuille de papier calque pour augmenter la diffusion.
    Les flashs seront placés face à l’objectif derrière le diffuseur.

    Au premier plan, un récipient récupérateur sera posé sur une toile cirée de préférence unie et claire ou dans un plat à tarte large.

    Il faudra impérativement monter un filtre neutre de protection sur l’objectif pour éviter de souiller la frontale avec des éclaboussures.

    Goutte d’eau
    Goutte d'eau

    L’éclairage au flash

    Flash sur pied
    Flash sur pied

    Voici un vieux flash acheté moins de 10 euros (port compris) sur E-Bay. Le petit œil en verre au-dessous des flèches rouge et verte, c’est le thyristor. On a souvent parlé de flash à récupération d’énergie dans les années 60, mais il est évident que l’énergie ne se récupère pas. Le thyristor coupe le flux lumineux quand la lumière fournie est suffisante afin d’éviter de consommer inutilement les piles.

    Le sélecteur au-dessus du thyristor doit être placé sur la flèche verte pour obtenir la plus faible puissance du flash, donc la vitesse la plus rapide. À noter que l’intensité des éclairs est constante et que c’est la durée qui en détermine la puissance. À pleine puissance, la durée d’un éclair est d’environ 1/1000 sec. La puissance minimum des flashs modernes est de l’ordre de 1/32 à 1/128 (en gros 1/30 000 sec.).

    Ce flash est monté sur une cellule d’auto-déclenchement (entourée en rouge) qui réagit à l’éclair d’un flash-maître. Il ne faudra pas mettre le flash-maître sur le boîtier, mais le déporter sur le côté pour qu’il n’arrose pas la zone de collision des gouttes. Un petit trépied par flash est très pratique.

    Goutte d’eau
    Goutte d'eau

    Connecteur flash
    Connecteur flash

    Pour déporter le flash maître par voie filaire, vous pouvez utiliser un connecteur universel. Chez Nikon, il s’agit de l’AS-15.

    Goutte d’eau
    Goutte d'eau

    Réservoir goutte-à-goutte
    Réservoir goutte-à-goutte

    Le goutte-à-goutte commandé par le boîtier électronique est constitué en haut d’un réservoir dans lequel on met de l’eau, si possible distillée et sans additif, au milieu d’un solénoïde (ici en noir) et en bas d’une buse en cuivre. Attention, le calcaire et les additifs peuvent boucher cette buse. Un peu de vinaigre blanc peut être ajouté à l’eau si on n’a pas d’eau distillée.

    Goutte d’eau
    Goutte d'eau

    Les filtres de couleurs

    Gélatines colorées
    Gélatines colorées

    Moyennant quelques euros, on peut se procurer des gélatines colorées avec des pastilles à scratcher. Elles se montent sur la fenêtre de diffusion des flashs pour créer des fonds en couleur qu’on peut mélanger à sa guise, laissant ainsi sa créativité s’exprimer. Ci-dessus un classement des coloris par couleurs primaires (86 gélatines).

    On peut enfin ajouter du liquide vaisselle à l’eau du bac récupérateur pour faire de jolies bulles ou remplacer l’eau par du lait, éventuellement avec une pointe de colorant alimentaire.

    Goutte d’eau
    Goutte d'eau

    Goutte d’eau
    Goutte d'eau

    Goutte d’eau
    Goutte d'eau

    Goutte d’eau
    Goutte d'eau

    Goutte d’eau
    Goutte d'eau

    Goutte d’eau
    Goutte d'eau

    Goutte d’eau
    Goutte d'eau

    Goutte d’eau
    Goutte d'eau

    Goutte d’eau
    Goutte d'eau

    Goutte d’eau
    Goutte d'eau

    Goutte d’eau
    Goutte d'eau

    Cet article écrit par Michel Rohan est reproduit avec son aimable autorisation. Lien vers le site de Michel Rohan ▷ Passion photo

     

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