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S O M M A I R E
Le flash Cobra
Si la photographie au flash a mauvaise presse, ce n’est pas pour rien : il est en effet facile, avec un flash, de « brûler » les hautes lumières, de « déboucher » des zones qu’il vaudrait mieux laisser dans l’ombre, de créer des ombres portées disgracieuses ou de faire un « fromage blanc » d’un beau visage.
Mieux vaut essayer d’exploiter la lumière ambiante et se passer de lumière artificielle que d’utiliser un flash mal maîtrisé.
La puissance d’un flash
L’intensité lumineuse
- Principe de fonctionnement : par un jeu de charge/décharge de condensateur, une très haute tension (environ 10.000 V) est délivrée dans un tube contenant un gaz rare, le Xénon. Les molécules de ce gaz sont alors ionisées, ce qui provoque un éclair lumineux intense et bref (entre 1/300 s et 1/40 000 s)
- Le flash à thyristor : ce type de flash ne se fabrique plus. Le thyristor était un composant électronique qui coupait le flux lumineux lorsque l’intensité de la lumière réfléchie par la scène était suffisante. Il a été remplacé par la technologie TTL
- Température de couleur du flash : elle est d’environ 6000 k (kelvins), donc très légèrement bleutée par rapport à la lumière du soleil qui est de l’ordre de 5500 k
- Une idée fausse : elle consiste à penser qu’en réglant la puissance d’un flash on joue sur l’intensité de l’éclair. En fait, l’intensité d’un flash est constante, c’est la durée de l’éclair qui fait varier la quantité de lumière délivrée, ce que l’on appelle en mode manuel la « puissance »
Flash et température de couleur
La durée de l’éclair
- Le mode TTL : ce mode est pratique, mais cet automatisme ne permet pas toujours de doser l’intensité de la lumière d’appoint comme on le voudrait
- Le mode manuel : dans ce mode, il n’y a plus aucun contrôle automatique sur le flash
En mettant le flash en mode manuel, on peut fixer la durée de l’éclair. Pour atteindre la vitesse qui permet de figer une collision de gouttes d’eau, par exemple, on prend la puissance la plus faible, donc la vitesse la plus grande (1/64 ou 1/128, ce qui correspond en gros au 1/40 000 sec.). À cette puissance, la portée du flash est considérablement réduite.
La durée de l’éclair
Exemple de photo avec flash
La portée d’un flash
- La loi du carré inverse : dans un milieu homogène, la lumière se propage en ligne droite. L’intensité, qu’on appelle aussi éclairement lumineux ou irradiance est inversement proportionnelle au carré de la distance
Dans l’exemple ci-dessous la partition qui se trouve au 1er plan reçoit 100% de la lumière de la bougie à une distance de 1 mètre. La partition qui se trouve deux fois plus loin à la distance de 2 mètres reçoit quatre fois moins de lumière, soit 25% du flux lumineux, 9 fois moins à 3 mètres, etc.
- L’affaiblissement : à 4 mètre, elle ne reçoit plus qu’une intensité lumineuse de 6%. Ce qu’il faut retenir, c’est que ce flux décroît de façon drastique au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la source lumineuse.
Dans l’obscurité, le flash n’atteint plus l’arrière-plan à partir d’une certaine distance.
Distance du flash et affaiblissement
Le nombre guide (NG)
- Définition : c’est la grandeur normalisée qui caractérise la puissance d’un flash. Le nombre-guide NG devrait toujours être exprimé (*) pour une sensibilité de 100 ISO, une focale de 50 mm (sur un capteur plein format) et une ouverture de f/1
Le nombre guide (NG)
(*) Certains constructeur trichent en donnant leur NG pour 200 ou un objectif supérieur à 50mm.
Flash TTL
Il est néanmoins intéressant d’avoir dans son sac le tableau des correspondances en fonction de la focale utilisée.
Tableau de correspondances
Ordres de grandeur :
- appareil compact : NG 5 à 10
- flash intégré d’un boîtier reflex : NG 10 à 12
- flash Cobra classique : NG 15 à 42
L’obturateur plan focal
Généralités
Obturateur plan focal
Il est indispensable de connaître le fonctionnement d’un obturateur « plan focal » pour comprendre comment se fait l’interaction entre un boîtier et un flash Cobra.
En effet, les notions de base comme le mouvement des rideaux et la vitesse de synchronisation sont nécessaires.
Nous ne nous intéresserons ici qu’à l’obturateur plan focal qui équipe aujourd’hui la grande majorité des appareils photo numérique (APN).
Le fonctionnement d’un obturateur
- Deux types d’obturation, mécanique ou électronique : la différence est la suivante ; l’obturateur électronique se contente d’alimenter le capteur pendant un certain temps, les deux rideaux étant ouverts. Il est silencieux et permet des vitesses nettement plus rapides (1/8000 sec. par exemple). En revanche il est encore plein de défauts, dont le plus important est d’être mal adapté à la prise de vues avec flash
- Les rideaux : l’obturateur « plan focal » est constitué de deux rideaux qui effectuent au déclenchement une translation du haut vers le bas
Mouvements des rideaux
Le mouvement des rideaux :
- T1 : au repos, le 1er rideau recouvre entièrement le capteur. Le 2e rideau est en attente au-dessus et derrière le 1er
- T2 : le 1er rideau descend au déclenchement, tandis que le 2e reste fixe pendant le temps affiché sur le sélecteur des vitesses. Aujourd’hui, ce temps peut aller de plusieurs dizaines de secondes au 1/8000 sec
Mouvements des rideaux
La vitesse de synchronisation X
- A : le 2e rideau démarre pile au moment où le 1er termine sa course. C’est la vitesse de synchronisation « X » de ce boîtier. Il s’agit d’une vitesse maximum. Chaque boîtier a la sienne, ici elle est de 1/200 sec.
- B : quand le 1er rideau termine sa course, le 2e rideau a déjà démarré. La vitesse de 1/400 sec. est supérieure à la synchro X
- C : le 1er rideau a terminé sa course, le 2e rideau attend 3 secondes avant de démarrer. La vitesse de 3″ est inférieure à la synchro X
Mouvements des rideaux
Utilisation d’une vitesse trop rapide
À une vitesse de synchronisation normale, le flash se déclenche dès que le 1er rideau a entièrement découvert le capteur. Le 2e rideau est encore à l’arrêt. Si on prend une vitesse 2 fois trop rapide (ici 1/400 sec. au lieu de 1/200 sec.), la moitié du capteur seulement verra la lumière du flash.
Vitesse trop rapide
Vitesse trop rapide
Utilisation d’un vitesse lente
À une vitesse de synchronisation plus lente que la vitesse de synchronisation « X » du boîtier, c’est la lumière ambiante qui risque de l’emporter. Le sujet sera exposé normalement, mais l’arrière-plan sera d’autant plus éclairci que la vitesse sera lente (résultat B au lieu de A sur les photos ci-dessous).
Vitesse lente
Vitesse lente
L’open flash
C’est une variante de l’utilisation des vitesses lentes avec un flash. Comme on le verra plus loin, le flash Cobra le plus puissant a une portée limitée.
Méthode :
- on travaille sur un pied en pose « T » (Time)
- on relève le miroir (cf. manuel de l’utilisateur)
- on déclenche pour ouvrir l’obturateur
- on s’approche du sujet avec le flash en main et on le déclenche à plusieurs reprises à des endroits différents
- on revient au boîtier et on l’éteint
Cette technique est incontournable pour travailler dans le noir lorsque le sujet est hors de portée du flash (dans une grotte par exemple).
Méthode open flash
La synchronisation ultra-rapide
On peut aujourd’hui utiliser un flash à toutes les vitesses à courte distance. Cette fonction porte un nom différent selon la marque : HSS (Hight Speed Sync) chez la plupart des constructeurs, dont Canon. Auto FP (Focal Plane) chez Nikon.
Comment fonctionne ce mode?
En synchronisation normale, la lumière délivrée par le flash est continue. Il n’y a qu’un seul éclair, d’une intensité constante, mais d’un durée variable correspondant à la puissance calculée (mode TTL) ou choisie (mode manuel).
En synchronisation ultra-rapide, la lumière est envoyée sous la forme d’une succession de micro-éclairs, pendant toute la durée de l’exposition :
- l’avantage est qu’on peut utiliser son flash à une vitesse plus rapide que la syncro « X »
- l’inconvénient est double : il épuise rapidement les batteries et réduit de façon drastique la portée du flash. Si le sujet est proche cela ne se voit pas mais s’il est éloigné, l’éclairement risque d’être insuffisant. Donc ne jamais oublier de paramétrer son boîtier en RAW avec cette fonction pour pouvoir corriger une éventuelle sous-exposition
HSS et Auto FP
La gestion de la lumière
La lumière ambiante
Une lecture attentive de la lumière de la scène doit permettre de décider si un appoint de lumière artificielle est opportun ou pas.
Voici les questions à se poser sur la lumière ambiante avant d’allumer son flash :
- où se trouve la source de la lumière ?
- quelle est sa direction ?
- l’éclairage est-il insuffisant ?
- la lumière est-celle naturelle, artificielle ou mixte ?
- est-elle incidente ou réfléchie ?
- est-elle dure, douce ou entre les deux ?
- où se trouvent les hautes et les basses lumière ?
- à quelle distance du sujet se trouve l’arrière-plan ?
- quelle est sa température de couleur ?
Coucher de soleil
La lumière artificielle
Si la lumière ambiante est insuffisante, voici les questions qu’il faut se poser avant de sortir son flash :
- 1 – le flash est-il interdit ou fortement déconseillé ?
- 2 – Ai-je vraiment besoin d’un appoint de lumière (ISO) ?
- 3 – quel est le bon couple vitesse/ouverture en lumière naturelle ?
- 4 – cet appoint de lumière doit-il être puissant, modéré ou faible ?
- 5 – l’arrière-plan est-il près ou loin ?
- 6 – Y a-t-il des zones d’ombre à ne pas éclairer (déport) ?
Lumière artificielle
Le rôle de l’obturateur
Obturateur
L’obturateur « plan focal » se trouve juste devant le capteur.
Il est composé de deux rideaux. Relevés au repos, ils masquent entièrement le capteur.
Dans la photographie au flash, l’obturateur sert à contrôler l’intensité de la lumière ambiante (vitesse trop lente = surexposition et inversement).
Intensité
Le rôle du diaphragme
Diaphragme
Le diaphragme se trouve dans l’objectif
Il est composé de lamelles articulées.
Dans la photographie au flash, le diaphragme sert à contrôler l’exposition du flash. Fermé, la scène sera faiblement éclairée par la lumière ambiante et inversement.
Diaphragme
Le bon dosage entre les deux lumières
Une méthode qui a fait ses preuves :
- laisser le flash éteint
- sélectionner la mesure matricielle pour analyser l’ensemble de la lumière ambiante
- sélectionner le mode « S » (priorité à la vitesse) et afficher la vitesse de synchronisation du boîtier. Elle peut varier de 1/150 sec. à 1/250 sec. selon la marque.
- faire des essais de réglage pour obtenir une photo bien exposée
- fermer le diaphragme de 1 ou 2 stops pour laisser de la place au flash
- allumer le flash en mode TTL et prendre la photo
- c’est le 1er rideau qui déclenche le flash lorsqu’il arrive en fin de course (4)
- le capteur est entièrement ouvert
- le 2e rideau est en attente au-dessus du capteur
- après le déclenchement, le capteur est entièrement découvert
- il reste ouvert pendant toute la durée du temps d’exposition
- c’est le 2e rideau qui déclenche le flash au début de la fermeture
- A – Sur la griffe porte-accessoires, le flash Cobra peut tourner sur 340° en azimut. Il peut pointer à 120° à la verticale et souvent d’une dizaine de degré en site négatif
- B – Les flash sont souvent équipés d’un diffuseur grand-angulaire et d’un petit réflecteur blanc pour éviter les coups de flash directs
- C – Attention aux flashes génériques et au sabot de votre boîtier
- A – Flash déporté par voie filaire
- B – Flash déporté par infrarouge
- C – Flash déporté par voie radio
- D – Flash déporté à l’aide d’une cellule de déclenchement
- A – Lumière ambiante insuffisante
- B – Permet d’augmenter la profondeur de champ
- C – Fige le mouvement
- D – Permet les photos stroboscopiques
- A – La lumière est satisfaisante
- B – Le flash est interdit ou mal vu
- C – Le flash peut être dangereux
- D – Les ombres sont à protéger
- le piège le plus fréquent consiste à annoncer soit un nombre guide calculé sur une sensibilité supérieure à 100 ISO ou une focale supérieure à 50mm pour le plein format, soit de ne pas indiquer ce NG.
- le 2e piège, et non des moindres, est la marque. Le Nikon SB-5000, par exemple, coûte 709 € pour un NG de 34,5 alors que le Godox Speedlite V1 Nikon ne coûte que 210 € pour un NG de 36
- le 3e piège consiste à acheter un flash dont on n’a que faire des fonctions secondaires comme la technologie Bluetooth, la commande à distance par smartphone, la synchronisation HSS, etc.
- cette étude a été faite en 2024 pour le compte d’Amazon, donc elle n’est pas totalement désintéressée
- l’étude semble néanmoins assez objective si on compare les rapports caractéristiques/prix des flashs Cobra (en 2024)
- compte tenu de l’évolution rapide du marché, la durée de vie de cette étude est assez courte. Nul doute que le trio de tête cité ci-après sera différent dans moins d’un an.
- en 2024, les flashs Cobra dont on parle le plus sont : Yongnuo YN 560 IV, Godox Ving v850 III, Godox V1 Pro
Réguler la quantité de lumière du flash en fonction de la lumière ambiante permet d’obtenir un résultat naturel où le coup de flash n’est pas visible.
Photo au flash
1er ou 2e rideau ?
Déclenchement du flash sur le 1er rideau
C’est le mode de déclenchement par défaut.
Étapes du flash 1er rideau
Déclenchement du flash sur le 2e rideau
C’est le mode de déclenchement le plus logique.
Étapes du flash 2e rideau
Le contrôle du flash
Flash sur la griffe
Flash sur la griffe porte-accessoires du boîtier.
Flash sur griffe
Flash déporté (strobisme)
On peut déporter son flash.
Flash déportés
Pour ou contre le flash
4 arguments pour
Arguments pour le flash
4 arguments contre
Arguments contre le flash
Comment acheter un flash Cobra
Comment choisir ?
Les pièges
Exemple
Le prix :
Le prix est probablement le facteur qui fait le plus reculer quand on a un budget serré. Ne pas hésiter à faire des recherches sur Internet et prendre conseil avant toute décision.
L’ergonomie :
Inutile de monter un monstre encombrant sur un tout petit boîtier !
Le temps de recyclage :
Pour les amateurs de photos où la rafale s’impose (en sport par exemple), le temps de recyclage est primordial. Éviter les temps supérieurs à 1,5 seconde en pleine puissance.
L’alimentation :
Le flash Cobra est énergivore et les piles coûtent cher. Mieux vaut prendre un flash alimenté par un accumulateur et vendu avec son chargeur. Dans ce cas, il sera prudent d’acheter un 2e accumulateur (de secours).
L’autonomie :
À partir de 400 éclairs en pleine puissance, on peut considérer qu’un flash Cobra a une très bonne autonomie.
Rapide étude de marché
Avertissement :
Yongnuo YN 560 IV
Godox Ving v850 III
Godox V1 Pro
La photographie est un art qui nécessite non seulement un œil aiguisé, mais aussi une compréhension approfondie des outils à disposition, dont le flash. Cet accessoire a mauvaise presse parce qu’il est souvent mal utilisé ; pourtant il peut transformer une photo banale en œuvre d’art à part entière.
Le flash n’est pas seulement un accessoire fait pour apporter un éclairage d’appoint lorsque la lumière ambiante est insuffisante ; il peut être également utilisé pour créer des effets tels que le « dragging » où le sujet est net et l’arrière-plan flou.
Si le flash est souvent décrié, n’en tenez pas compte. Travaillez votre technique au flash.
Cet article écrit par Michel Rohan est reproduit avec son aimable autorisation. Lien vers le site de Michel Rohan ▷ Passion photo
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