Technique de photographies de gouttes d’eau par Michel Rohan. En photographie de gouttes d’eau, on peut procéder suivant 2 techniques différentes, avec la technique du glaçon (pour des gouttes d’eau simples) ou avec la technique du goutte-à-goutte (pour des collisions de gouttes d’eau).
Conseils de prises de vues
Pour photographier des gouttes d’eau, voici mes conseils après de nombreuses années de pratique.
- la photographie de goutte d’eau (Water dropping ou Dripping en anglais) n’est pas une technique facilement reproductible car tout se passe à des vitesses dépassant de loin les réflexes humains. Si vous n’avez pas un minimum d’équipement, vous risquez de vous décourager dès les premiers essais
- faites preuve d’imagination en essayant tout ce qui vous passe par la tête, ne vous contentez pas d’essayer de reproduire des images que vous avez déjà vues et qui vous ont plu, personnalisez votre travail
- ne vous contentez pas de votre propre appréciation pour juger de la qualité d’une photo, soumettez-là aux regards des autres, tenez compte des critiques qui tomberont parfois comme un couperet, c’est la meilleur façon de progresser
- soyez patient
La technique du glaçon
Pour faire des photographies de gouttes d’eau, vous devez travailler sur pied avec un déclencheur à distance pour éviter tout bougé. Ce déclencheur peut être filaire, à infra-rouge ou radio-commandé. Vous devez avoir sur votre plan de travail une potence réglable d’environ 1 mètre de haut et un récipient complètement rempli d’eau, que je vous conseille de placer dans un plat à tarte pour que le trop plein ne se déverse pas sur votre table.
Vous pouvez travailler avec une optique de focale moyenne (105 mm par exemple) équipée d’une bonnette d’approche vissée à l’avant ou d’une petite bague allonge. Le mieux est d’utiliser un objectif macro permettant une prise de vues à courte distance.
La technique du glaçon est de loin la plus économique. On fixe à la potence une pince dans laquelle on accroche un glaçon. Dans une pièce d’environ 20° Celsius ce glaçon va fondre et libérer une goutte d’eau toutes les minutes environ. On peut aussi acheter en pharmacie un goutte-à-goutte pour deux francs et six sous.
Il faut capturer le moment où la goutte percute la surface du liquide du récipient récupérateur. On distingue plusieurs étapes qui se décomposent comme suit :
- la goutte percute la surface de l’eau et forme une couronne plus ou moins régulière
- la goutte s’enfonce profondément dans le liquide (on ne la voit plus)
- puis elle est repoussée vers le haut conformément à la poussée d’Archimède
- elle ressort de l’eau sous la forme d’une bille régulière en entraînant derrière elle une colonne d’eau
Vous pouvez colorer le liquide qui se trouve dans le récipient récupérateur avec, par exemple, des colorants alimentaires ou de la poudre pour teindre les vêtements. Les sirops épaississents le liquide, ce qui donne généralement des résultats intéressants. On peut aussi épaissir l’eau avec du Xan-Tian ou de la gomme de Guar, produits que les mamans trouvent en général en pharmacie pour épaissir les biberons des enfants.
Vous avez enfin besoin de flashs qui possèdent deux caractéristiques :
- il faut qu’on puisse les mettre en position manuelle à leur puissance minimale. Plus un éclair est faible, plus sa durée est courte. Donc à son minimum, les gouttes et leurs éclaboussures seront nettes
- il faut qu’ils soient à récupération d’énergie pour ne pas trop consommer de piles. Ce terme est impropre, mais c’est ainsi qu’on les appelle depuis que les flashs à thyristor existent. On en trouve à des prix bas sur certains sites Internet, inutile de mettre beaucoup d’argent là-dedans. On peut en déclencher plusieurs en même temps à partir d’un flash maître, soit par des liaisons filaires, soit à l’aide de cellules d’auto-déclenchement.
Pour chaque photo qui suit, vous aurez des explications complémentaires.
Lorsque la goutte percute la surface de l’eau, une couronne se forme. Il ne faut retenir que les photos parfaitement nettes où les gouttelettes sont visibles. Ici l’eau du récipient récupérateur a été teintée avec un colorant alimentaire rouge.
Sous l’effet de la poussée d’Archimède, la goutte est repoussée vers le haut et sort sous la forme d’une bille d’eau incolore. C’est le liquide teinté en bleu du récipient récupérateur qui lui donne cette couleur.
En sortant de l’eau la goutte d’eau créé une aspiration qui entraîne derrière elle une colonne plus ou moins régulière. Il faut parfois de nombreux essais pour obtenir une ogive parfaite.
La taille de la colonne dépend de la hauteur de chute de la goutte d’eau. Pour pouvoir régler ce paramètre, on peut utiliser comme potence une colonne d’agrandisseur dont on a supprimé la boîte à lumière. Pour avoir un maximum de fluidité, mieux vaut ne pas mettre d’épaississant dans le récipient récupérateur.
La technique du goutte-à-goutte
Un goutte-à-goutte permet de faire des collisions de gouttes
Généralités
Faut-il un flash couteux pour obtenir de bons résultats ?
Beaucoup de gens se débarassent de leurs vieux flashs sur des sites de revente sur Internet, pour une bouchée de pain, souvent parce qu’ils disposent d’un flash intégré sur leur APN. Si ces flashs sont à thyristor et possèdent un mode manuel, ils feront parfaitement l’affaire pour quelques euros.
Faut-il travailler dans le noir avec le rideau de l’appareil photo relevé pour obtenir de bons résultats ?
Oui si vous utilisez un pied léger ou non lesté. Dans ce cas le claquement du miroir risque de provoquer un flou de bougé. Pour éviter cela on doit travailler miroir relevé et dans le noir de préférence
Non si l’appareil photo est vraiment stable. Pour que la photo soit nette, il faut que le diaphragme soit assez fermé (ouverture mini -1 ou 2 stops) et que l’éclairage ambiant soit assez faible. Une vitesse comprise entre 1/250 à 1/500 sec. permet à la lumière ambiante de ne jouer aucun rôle dans l’éclairage du sujet. Ce sont les flashs dosés à leur puissance minimum qui figent les collisions des gouttes. Au 1/64 de leur puissance, la durée de l’éclair se situe entre 1/30 000 et 1/40 000 sec.
A-t-on besoin d’investir dans un boîtier électronique pour capturer une collision ?
Oui car les réflexes humains sont infiniment trop lents pour lâcher deux gouttes consécutives avec le bon intervalle de temps. De plus, comme la taille des gouttes joue un rôle important, seul un boîtier électronique permet d’obtenir assez rapidement de bons résultats. Enfin parce qu’il faut aussi prendre en compte le temps de latence de l’APN qui varie d’un modèle à un autre.
Organisation de l’espace de travail
Avec deux feuilles de verre organique anti-reflets que l’on trouve dans tous les magasins de bricolage (au rayon encadrement) et quatre petites équerres, vous pouvez vous fabriquer un écran diffuseur à condition de glisser entre les deux un transparent blanc (ici de marque Canson) pour augmenter la diffusion. Tous les flashs seront placés face à l’objectif derrière le diffuseur. Au premier plan un récipient récupérateur neutre.
Le boîtier électronique
Peu importe le boitîer utilisé, ils se valent à peu près tous, même si les prix peuvent varier du simple au double. Celui-ci est un SplashArt de Joe Dyer, un spécialiste en la matière. Nous verrons un peu plus loin comment obtenir des fonds de couleur qui se marient et se fondent (gélatines colorées).
(a) Attention, sur les APN, les prises de télécommande à distance sont différentes d’une marque à une autre et même parfois au sein d’une même marque ! Chez Nikon par exemple, il y a des prises 3 et 10 broches. On trouve très souvent un simple jack stéréo en 2,5 mm (AF et déclenchement).
La potence
La colonne d’un vieil agrandisseur est idéale comme protence. On peut la déplacer latéralement et la régler en hauteur. La photo suivante a été prise avec la colonne montée au maximum (environ 80 cm). Un épaississant (gomme de Guar) a été mélangé à l’eau du bac récupérateur, ce qui modifie les propriétés du liquide (viscosité et tension).
L’éclairage
Voici un vieux flash acheté 11€ sur Internet. Le petit œil en verre en dessous des flèches rouge et verte, c’est ça le thyristor. Il coupe le flux lumineux quand il le faut pour éviter de consommer inutilement des piles. On peut bien sûr alimenter la batterie de flashs avec un transfo branché sur le secteur. Il est évident que le thyristor ne récupère pas l’énergie, c’est un argument de vente ! Et le « M » c’est la position manuelle tant recherchée. Ce flash est monté sur une cellule d’auto-déclenchement qui réagit à l’éclair d’un flash-maître. Il ne faudra pas mettre le flash-maître sur le boitier, mais le déporter sur le coté pour qu’il n’arrose pas la zone de collision des gouttes. Un petit trépied par flash est très pratique.
Pour déporter le flash maître, vous pouvez utiliser un connecteur universel. Chez Nikon, il s’agit de l’AS-15.
Le goutte-à-goutte
Le goutte-à-goutte commandé par le boitier électronique est constitué en haut d’un réservoir dans lequel on met de l’eau, si possible distillée et sans additif, au milieu d’un solénoïde (ici en noir) et en bas d’une buse en cuivre. Attention, le calcaire et les additifs peuvent boucher cette buse. Un peu de vinaigre blanc peut être ajouté à l’eau si vous n’avez pas d’eau distillée.
Gélatines colorées
Moyennant quelques euros, vous pouvez vous procurer des gélatines colorées avec des pastilles à scratcher. Elles se montent sur la fenêtre à éclairs des flashs pour créer des fonds en couleur que vous pouvez mélanger à votre guise, laissant ainsi votre créativité s’exprimer.
Vous pouvez également ajouter du liquide vaisselle à l’eau du récepteur de gouttes pour faire de jolies bulles ou remplacer l’eau par du lait, avec une pointe de sirop si vous voulez le colorer.
Photographies de goutte d’eau
Cet article et toutes les photos qu’il contient sont la propriété de Michel Rohan.
Vous pouvez les utiliser ou les diffuser à titre personnel uniquement mais pas d’utilisation commerciale.
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