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Voici une notion essentielle en illustration et graphisme : la perspective.
Je vous donne ici quelques orientations pour bien l’appréhender, simplement en vous expliquant les 3 variantes de perspectives qui vous seront utiles.
- La perspective dite frontale à 1 point de fuite
- La perspective dite oblique à 2 points de fuite
- Les perspectives dites plongeante et plafonnante à 3 points de fuite
Un peu d’explication :
La perspective est la représentation de la profondeur. Le monde réel s’étend sur trois dimensions, la hauteur, la largeur et la profondeur. Sur la toile de l’artiste, il n’existe que deux dimensions, la largeur et la hauteur. Le travail de l’artiste consiste donc à retranscrire le monde tel qu’il existe, mais sur un support différent. Il n’existe pas de norme absolue de la représentation de la réalité qui soit fiable, mais plutôt des chemins variés…
Un peu d’histoire :
La perspective dans l’art pictural, telle que nous la connaissons n’est apparue qu’à l’époque de la Renaissance.
Dans l’Antiquité, les grecs et les romains avaient d’autres manières d’exprimer la notion de profondeur. Et c’est Euclide qui a abordé le premier la notion de faisceaux coniques émergeant des yeux et enveloppant les objets. On sait aujourd’hui que ce n’est pas ainsi que cela se passe. En effet, c’est la lumière que les objets reflètent qui est perçue par l’œil. Et c’est cette notion de cône qui est intéressante puisque notre vision est limitée et non infinie.
Et voilà pourquoi quand on regarde à l’horizon, toutes les parallèles semblent se rejoindre en un point précis. Mais chacun sait qu’en mathématiques, les parallèles ne se rejoignent jamais. C’est ainsi qu’à l’Antiquité, ils avaient déjà atteint un mode de représentation proche de la perspective telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Au Moyen-Âge, tous ces principes furent mit de côté. La notion de point de vue unique fut mise à l’écart et sur une seule scène, chacune des parties était représentée depuis le point de vue le plus clair.
La Renaissance débute avec le peintre Giotta, né vers 1266. C’est l’architecte florentin Brunelleschi (1377-1446) qui a démontré l’importance du point de vue unique, celui où toutes les parallèles semblent fuirent vers un point central situé sur la ligne d’horizon. On parle alors de perspective centrale et de vison unique et immobile. Il renforça donc la formulation d’Euclide d’une pyramide visuelle. Et aujourd’hui, tout le monde connait donc ce principe qui est que la vision de l’objet observé peut être représentée par un système de lignes droites qui partent de l’objet pour aboutir à l’œil.
Léonard de Vinci avait une vision moins terre à terre de la perspective, il disait qu’il était préférable de se fier à sa sensibilité et exercer son regard sans trop se laisser guider par les théories. Il se lança dans une étude sur les variations de couleurs en fonction de l’éloignement de l’observateur vis à vis de l’objet qu’il observe. Pour lui, l’air n’est pas complètement invisible et plus il y a d’air entre l’objet et l’observateur plus l’objet est éloigné, plus la couleur se teinte de bleu et plus les contours s’estompent. On en revient à la notion de profondeur de champ qui veut que plus l’objet que l’on observe est loin, moins les couleurs sont visibles et plus il semble flou.
Ces règles académiques si fortes, établies au fil des siècles, ont contribué à imposer la perspective comme la seule vue correcte. Mais ce fut sans compter sur les post-impressionnistes qui commencèrent à modifier leur vision et leur pratique de l’espace. Gauguin et ses espaces écrasés par l’emploi de la couleur, Van Goth et sa manie de distordre l’espace, Cézanne qui inscrivait les formes naturelles dans des tracés géométriques… Cependant, malgré ces dérives, ils respectaient encore les bases de la perspective.
Mais ils furent la passerelle des avant-gardistes du XX ème siècle comme Marc Chagall, qui se passèrent même de la notion de perspective.
La perspective frontale :
La perspective frontale est le concept même de la perspective centrale née d’Euclide et confortée à la Renaissance. Elle s’utilise quand on veut représenter un objet dont la face est parallèle au plan du tableau et les autres faces perpendiculaires au plan. On parle alors de point de fuite unique se situant à l’intersection de la ligne d’horizon et du rayon visuel de l’observateur. C’est donc vers ce point de fuite que convergent toutes les lignes perpendiculaires au plan.
La perspective oblique :
Il est assez rare qu’on utilise la perspective frontale, parce que le plus souvent, on ne peint pas un objet parallèle au plan de la toile. Le plus souvent, les objets forment un angle qui rendent obsolètes la notion de perspective frontale. On parle de perspective oblique parce que les éléments sont déposés obliquement par rapport au plan.
Ainsi, on ne perçoit aucune partie de face, seulement les parties obliques. Il en résulte deux groupes de lignes. Chacun de ces groupes possède des lignes parallèles qui convergent vers un point de fuite indépendant. On se retrouve ainsi avec deux points de fuite qui se retrouveront à la même hauteur sur la ligne d’horizon. Cependant, comme pour la perspective frontale, les lignes verticales parallèles le restent et ne sont dont pas fuyantes.
Les perspectives plongeante et plafonnante :
Ici on parle de vue en plongée ou contre-plongée. C’est lorsque l’observateur à un point de vue descendant ou ascendant sur l’élément. On ajoute à la perspective oblique une troisième fuyante, celle des lignes verticales. Les lignes verticales ne sont plus perçues comme parallèles mais comme fuyantes.
En effet si vous vous positionnez en hauteur et que vous regardez un bâtiment en contre-bas, alors les lignes verticales de ce bâtiment ne sont plus perçues parallèles mais convergentes vers un troisième point de fuite.
Cependant, tout comme les deux autres perspectives, ces droites sont bien parallèles. On parle alors de vue en plongée ou perspective plongeante. Cette perspective écrase la vision de l’objet. Le point de fuite est en dessous du sol.
En ce qui concerne la perspective plafonnante, l’effet est le même sinon qu’au lieu de se trouver en plongée, on se trouve en contre-plongée. On n’a plus un écrasement de l’élément mais une fuyante vers un infini lointain, le point de fuite étant situé plus ou moins haut dans le ciel.
Voir précédemment, la photographie de la Freedom Tower (New York).
L’utilisation de la perspective à trois points de fuite représente un intérêt expressif important. En effet, par ces perspectives, on peut produire un sentiment d’infini, de majestuosité ou au contraire d’écrasement voire d’enfermement.
Conclusion :
La perspective est donc un facteur primordial en graphisme pour la pose des éléments. Il faut donc toujours faire attention lors d’une photomanipulation réaliste de bien choisir ses images, et faire en sorte qu’elles soient sur un même plan de perspective. En effet, il est difficile, voire impossible de corriger une perspective déjà installée.
Cet article est purement informatif, il pose les bases de la notion de perspective pour vous aider à mieux la comprendre.
Ce tutoriel a été réécrit avec l’autorisation de son auteur.
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